Rédiger un manuscrit professionnel pour une maison d'édition

Les maisons d’édition reçoivent un très grand nombre de manuscrits chaque jour. Elles n’ont ni le temps ni les moyens d’investir dans un texte qui n’est pas abouti. Leur priorité est de limiter les risques et les coûts.

C’est pourquoi il est crucial de soumettre un manuscrit aussi soigné que possible, tant sur le fond que sur la forme. Un texte mal structuré ou bourré d’erreurs aura de grandes chances d’être écarté dès la première lecture.

Prenez le temps de choisir une maison d’édition qui correspond à votre projet et à sa ligne éditoriale. Cela peut sembler évident, mais beaucoup d’auteurs envoient leur manuscrit à tout-va, pensant qu’ils augmentent ainsi leurs chances d’être publiés. En réalité, cette approche peut jouer contre vous.

Gardez à l’esprit que la plupart des maisons d’édition ne vous fourniront pas de retour sur votre manuscrit, faute de temps. Résultat : vous risquez de douter inutilement de la qualité de votre texte, alors que le problème vient peut-être simplement d’un mauvais ciblage. Par exemple, un roman policier envoyé à une maison spécialisée en romance a peu de chances de retenir leur attention (j’ai un peu grossi le trait).

1. Un style dynamique

Les scènes doivent s’enchaîner sans temps morts. Le but est de tenir le lecteur en haleine grâce à une narration maîtrisée et efficace. Cela signifie qu’il faut éviter les « passages mous » :

• Ces sections n’apportent rien de crucial à l’intrigue ou aux personnages et ralentissent le rythme.
• Les éliminer fait partie intégrante de la correction : c’est une étape essentielle pour dynamiser votre roman et maintenir l’intérêt du lecteur.

2. Une capacité à procurer des émotions

Un bon manuscrit doit captiver le lecteur et éveiller des émotions. Pour cela, l’auteur doit maîtriser :

• Le suspense et les techniques de tension narrative.
• La structure d’un roman.
• L’arc narratif des personnages et leurs interactions.

Ces aspects se travaillent progressivement, au fil des différentes étapes de l’écriture.

Un manuscrit professionnel s’élabore en suivant ces huit étapes clés :

1. Suspense et moments-clés

Préparez soigneusement les moments clés de l’histoire, ceux où vous voulez que le lecteur retienne son souffle ou ressente une forte émotion. Ces moments doivent être répartis stratégiquement pour maintenir l’intérêt.

2. Construction des personnages

Détaillez les arcs narratifs de vos personnages et assurez-vous de leur cohérence tout au long de l’histoire. Ils doivent évoluer de manière crédible et leurs interactions doivent servir l’intrigue.

3. Narration

Planifiez les éléments narratifs de façon subtile. Le lecteur ne doit jamais sentir que l’auteur a été surpris par son propre développement ou submergé par son histoire. En somme, c’est vous, l’auteur, qui gardez le contrôle sur votre texte. À titre d’exemple, ma bêta me rappelle souvent que je suis « Dieu » dans mon univers.

4. Structure et rythme

Travaillez les différents types de structures narratives (linéaire, non linéaire, etc.) et assurez-vous que le rythme global du roman reste captivant. Alternez les moments d’action, de tension et de répit pour maintenir un équilibre.

5. Dialogues

Vérifiez que vos dialogues sont naturels et pertinents. Ils doivent révéler la personnalité des personnages et faire avancer l’intrigue. Supprimez les dialogues creux ou trop longs, et insérez des actions ou émotions qui les accompagnent pour leur donner plus de vie et éviter de trop long monologue par exemple.

6. Construction du monde (pour certains genres)

Si vous écrivez de la fantasy ou de la science-fiction, veillez à créer un univers cohérent et crédible. Intégrez des éléments comme l’économie, la politique, la religion ou les hiérarchies de cet univers, en veillant à ce que tout soit utile à l’intrigue.

7. Pitch et synopsis

Préparez un pitch percutant et un synopsis clair. Ces documents sont vos premiers outils pour capter l’attention des éditeurs : ils doivent être courts, accrocheurs et donner envie de plonger dans votre roman.

8. Format de présentation

Respectez les normes de présentation attendues par les maisons d’édition : mise en page, police, marges, etc. Consultez leurs sites internet pour trouver les instructions de soumission. Un manuscrit bien présenté montre votre professionnalisme et donne une première bonne impression.

Avant d’envoyer votre manuscrit, suivez ces trois dernières étapes pour maximiser vos chances :

1. Correction minutieuse : Relisez attentivement votre texte. Chaque chapitre ou scène doit être utile à l’histoire. Si ce n’est pas le cas, redistribuez les informations ailleurs ou supprimez les passages inutiles, même si vous les aimez.
2. Suppression des fautes : Utilisez des outils comme Antidote, ChatGPT ou Cordial pour traquer les fautes qui auraient pu vous échapper.
3. Alpha ou bêta-lecteurs : Faites appel à des lecteurs extérieurs pour recueillir des avis constructifs. Si votre budget le permet, envisagez un correcteur éditorial, une solution onéreuse mais très efficace (comptez entre 1 500 et 2 500 € selon la taille du texte et du travail à fournir).

Rédiger un manuscrit professionnel est un travail exigeant, mais c’est aussi une étape incontournable pour transformer votre rêve de publication en réalité. En soignant votre texte et en respectant les attentes des maisons d’édition, vous augmentez considérablement vos chances de succès.

Chaque grand écrivain a commencé quelque part. Alors, faites confiance à votre plume, apprenez de chaque retour, et n’abandonnez jamais. Votre manuscrit trouvera son lectorat et n’oubliez pas que votre histoire mérite d’être partagée !